Diogène, initialement Programme Intervention et Recherche Psycauses, a été créé en septembre 1988 et incorporé comme organisme à but non lucratif en février 1990. Le projet comprenait alors deux facettes : un volet de recherche et un volet d’intervention.
Le comédien-humoriste Marc Favreau, mieux connu sous le pseudonyme de Sol, a prêté son nom, offert sa grande disponibilité et participé aux campagnes de levée de fonds de Diogène, créant notamment un monologue.
Dès septembre 1988, un comité d’orientation s’est formé pour voir à la mise en place de ce nouvel organisme. Le directeur de recherche était monsieur Yvon Lefebvre de l’Université du Québec à Montréal et le directeur de l’organisme, désigné par l’Institut Philippe Pinel, monsieur Réjean Huot.
Durant ses trois premières années d’activité, la première équipe d’intervention, constituée de quatre intervenant·es et d’un directeur, mettait sur pied notre service de base, soit le suivi communautaire individualisé à moyen et long terme. Parallèlement au travail de suivi, une équipe de l’Université du Québec menait une recherche-action sur la nécessité d’un tel service pour la clientèle vulnérable visée.
Dès le départ, les caractéristiques du modèle d’intervention étaient plus près des approches alternatives en santé mentale que du modèle médical traditionnel. Le but du projet consistait à expérimenter un mode de rapprochement et d’accompagnement ponctuel ou continu de ces personnes souvent délaissées et sans-abri, facilitant la promotion et la défense de leurs droits, la prévention de la pathologie mentale, leur insertion sociale et leur utilisation optimale des ressources de la communauté.
La recherche-action étant venue confirmer l’efficacité du modèle appliqué, l’équipe s’est vue offrir, en 1992, un élargissement de son mandat initial. La clientèle visée serait dorénavant toute personne adulte (alors qu’initialement elle était limitée aux moins de 35 ans) souffrant de troubles mentaux sévères et persistants et vivant des problèmes liés à la justice et/ou l’itinérance et la toxicomanie. L’appellation « multiproblématique » fut employée pour qualifier notre clientèle. À compter de ce moment, l’équipe d’intervention fut composée de huit intervenant·es.
En 1996-1997, la réallocation de fonds en provenance de la réorganisation du système de santé et de la fermeture de certains hôpitaux nous a permis d’ajouter un nouveau service à notre programme, soit l’accompagnement ponctuel à court terme.
Enfin, c’est en septembre 2009 qu’a débuté le projet pancanadien (dans cinq provinces) de recherche et de démonstration sur la santé mentale et l’itinérance sous la responsabilité de la Commission canadienne de la santé mentale, le projet Chez soi.
Le but du projet, qui allait durer trois ans et demi, consistait à donner aux personnes adultes en situation d’itinérance et présentant un trouble de santé mentale la possibilité d’intégrer un logement de leur choix, accompagné d’une subvention au logement, tout en leur offrant un suivi clinique personnalisé plus ou moins intensif selon leurs besoins. Nous étions alors dans une approche de type Logement d’abord.
Le projet Chez soi s’est terminé en 2013, mais nous avons choisi de poursuivre dans cette voie. Chaque année, nous accompagnons une cinquantaine de nouveaux participants et nouvelles participantes, qui reçoivent une subvention au logement et nécessitent du soutien à plus long terme.
Cette continuité n’est plus subventionnée par la Commission canadienne de la santé mentale, mais plutôt par le ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec.
2023-2024 en quelques chiffres :
Les services de Diogène ne se limitent pas au trouble d’accumulation compulsive!
C’est le personnage Diogène de Sinope, philosophe de la Grèce antique, qui a inspiré le nom actuel de notre organisme.
Pour lui, les personnes les plus nobles sont celles qui méprisent la richesse, la à gloire, le plaisir et qui dominent la pauvreté, l’obscurité, la peine et la mort.
Dans sa vie, Diogène a tenté d’appliquer le principe d’autarcie (se suffire à soi-même). Ainsi, il vivait de mendicité et dormait dans les portiques des temples.
Selon les leçons tirées de ses préceptes, la pauvreté offre un éclairage qui ne s’apprend pas dans les livres: ce que la philosophie tente d’inculquer par des discours, la pauvreté contraint l’esprit à le saisir par les faits.
Il disait également qu’il fallait tendre la main à ses amis, sans fermer les doigts.
À sa mort, ses compatriotes érigèrent une statue de bronze sur sa tombe avec cette inscription:
« Le temps ronge le bronze, mais ta gloire, Diogène, sera éternelle, car seul tu as montré aux hommes à se suffire à eux-mêmes. Et tu as indiqué le plus court chemin du bonheur. »