Emmanuel a joint le programme Toit d’abord il y a près de 3 mois. Après plusieurs années dans la rue puis au Refuge, son intervenante Nathalie de Diogène est aujourd’hui à ses côtés pour l’accompagner dans son rétablissement.
Emmanuel nous accueille dans la cuisine du logement qu’il occupe depuis peu. Le mobilier est minimaliste, mais l’essentiel y est; une table, deux chaises, quelques accessoires pour se faire à manger. Sur la table, Emmanuel a préparé quelques papiers, qui serviront de base aux discussions entre le participant et l’intervenante.
Un nouveau quartier à apprivoiser
Ils discutent ensemble de factures d’électricité, de chèque qui doit être encaissé dans une banque en particulier. Nathalie lui demande s’il a encore la carte du quartier qu’elle lui a préparé; dessus, elle a indiqué tous les essentiels pour qu’il trouve ses repères : épicerie, pharmacie, sa banque habituelle, des organismes communautaires. Elle effectue des recherches et y ajoute la banque où il a besoin d’aller.
Emmanuel explique qu’il n’a jamais vécu dans ce quartier, car il était plutôt localisé dans le centre-ville pendant ses années en situation d’itinérance. Nathalie précise qu’elle lui a recommandé des endroits où rencontrer d’autres personnes afin de tisser des liens dans sa communauté. Bien qu’il habite un bloc d’appartements où il côtoie plusieurs voisins, il passe peu de temps chez-lui, car il a déjà trouvé un emploi. C’est un emploi physique, à l’extérieur été comme hiver, mais il est heureux de la liberté financière que cela lui apporte.
Bien manger
Côté cuisine, Emmanuel s’en sort assez bien! Il a déjà suivi des cours de cuisinier, et appris à faire à manger dans une maison de thérapie où il a été résident un certain temps. Il a finalement obtenu un emploi à cet endroit, préparant de la nourriture pour une cinquantaine de personnes, aidé seulement d’un assistant. Un accomplissement considérable!
Aujourd’hui, il arrive à tirer de son salaire ce qu’il lui faut pour se nourrir et cuisiner, sans avoir fait appel jusqu’à présent aux banques alimentaires; « Je m’assure de ne pas faire de dépenses folles, je mange bien. Je me fais à manger vite fait, desfois je vais être lâche et m’acheter du poulet déjà cuit, d’autres fois je me fais un steak avec des patates. Je mange des oranges, des fruits, pas de dépenses folles, pas de dessert. » Nathalie lui fait remarquer en riant qu’il a tout de même une réserve de minis barres de chocolat pour avoir une petite touche sucrée. Emmanuel l’avoue : « Ça prend quelque chose pour remonter le moral ! »
C’est précieux d’avoir un chez soi
C’est avec l’accompagnement d’un agent de logement qu’Emmanuel a trouvé son logement; Nathalie l’a épaulé durant tout le processus, la recherche, les visites, la signature du bail et l’emménagement.
Après avoir vécu en dortoir ou dans un cubicule au Refuge pendant trois ans, Emmanuel apprécie particulièrement la tranquillité de son nouveau logement : « Là j’ai la paix. Y’a personne d’autre. Je suis roi de mon espace. » Son soulagement est évident. Nathalie ajoute qu’ils travaillent ensemble à l’intégration de petites choses du quotidien qui lui permettra d’apprécier sa nouvelle routine… comme la redécouverte de la télévision, qu’il n’a pas écoutée depuis des années. Pour l’instant, son avis est partagé… « Je sais pas, je vais essayer, pitonner…! »
Cette stabilité, en termes de revenus et de logement, lui permet aujourd’hui de se pencher sur un fardeau qu’il traîne depuis longtemps; ses dettes. Ici aussi, Nathalie lui a facilité les choses : « On a fait des démarches pour baisser mes paiements au gouvernement, parce que j’ai de gros montants à rembourser sur mes prestations d’aide sociale. Mon objectif à court terme, c’est de payer toutes mes dettes. Je veux avoir le dessus là-dessus. »
Nathalie juge qu’il a de belles forces et qu’il est en train de bien se positionner. Il est évident, à voir ses accomplissements des derniers mois, que ses efforts lui permettent de gagner en dignité et en autonomie. On lui souhaite de bien belles choses pour l’avenir.